Bonjour,
Il est courant que les développeurs (surtout juniors j’ai l’impression) souhaitent devenir chefs de projet.
Comment l’expliquez-vous ? (formatage par l’éducation ? besoin de monter dans la hiérarchie ? …)
Qu’en pensez-vous ?
Bonjour,
Il est courant que les développeurs (surtout juniors j’ai l’impression) souhaitent devenir chefs de projet.
Comment l’expliquez-vous ? (formatage par l’éducation ? besoin de monter dans la hiérarchie ? …)
Qu’en pensez-vous ?
Je pense que c’est essentiellement dû à un besoin de monter dans la hiérarchie, souvent motivé par des raisons salariales. En France, dans les grandes entreprises, la filière management est plus valorisée que la filière technique.
Mais je pense qu’il y a aussi une part de responsabilité de l’éducation : je me rappelle encore d’un “prof” disant que ça devait être un objectif pour un ingénieur de devenir chef de projet après quelques années d’expérience…
Je pense que ça vient effectivement de notre société qui a tendance à mettre en avant le “chef”. Il faut être chef parce que ça prouve que tu as réussi. Du coup, on retrouve ça dans les formations en informatique. Alors pas toutes, certes, mais ça revient souvent dans des affirmations du type: “avec notre diplôme, vous pouvez obtenir un poste de chef de projet”.
Un développeur n’a pas que l’option “chef de projet” pour monter dans la hiérarchie mais c’est la solution de facilité. Alors quand on n’est pas un grand bidouilleur / développeur et qu’on a les dents longues, mieux vaut penser très tôt à l’option “chef de projet”. D’autant que le chef de projet plutôt “technique” rassure un peu tout le monde (développeurs, hiérarchies, clients…), même si très vite il est dépassé techniquement.
C’est d’ailleurs une autre raison pour bifurquer : pour être un bon développeur, cela demande une veille permanente, de s’intéresser aux nouveautés et de s’auto-former un minimum. Toutes choses difficiles à tenir dans le temps, surtout si on n’a pas la vocation. Et là encore mieux vaut se réorienter rapidement avant d’être devenu un développeur dépassé.
Donc au final la question est biaisée. En provoquant un peu je dirais qu’elle est plutôt “Pourquoi les mauvais développeurs souhaitent-ils devenir chefs de projet ?” :)
Il y a aussi le fait que le métier de développeur à une très mauvaise image auprès des jeunes.
Lorsque j’en parle, j’ai l’impression d’être un extraterrestre qui tente de communiquer. Comment est-on arrivé à un tel désaveu ?
De plus il y a une notion de facilité. Être chef c’est facile, c’est hype et cela gagne plein d’argent.
En plus de tout ce qui a été dit précédemment, je pense que les RH de certaines grosses entreprises ont aussi leur part de responsabilité. Cela part d’une bonne intention: les RH souhaitent proposer une évolution aux salariés, cela fait partie de leur fonction. Sauf qu’un développeur qui évolue dans son métier en faisant de la veille et en développant son expertise ne donne pas l’impression d’évoluer de l’extérieur. Le RH se sent obligé de proposer une évolution, et dans notre culture française, c’est souvent à une évolution verticale qu’on pense, d’où chef de projet.
C’est l’ensemble de l’entreprise qui doit prendre conscience qu’il existe d’autres modèles que cette évolution verticale. Mais dans certaines sociétés ce n’est pas gagné!
Je rejoins un peu le commentaire précédant quant à l’évolution verticale. Résultat, à un moment, pour pouvoir faire des choix techniques, il faut souvent être chef de projet voire directeur technique sinon on t’écoute, mais on décide de faire comme avant.
D’après moi, la question est trop large pour obtenir une réponse.
On peut par exemple poser la question du contexte : considère-t-on uniquement les grandes entreprise (SSII etc…) ou est-ce qu’on parle de startup / PME ?
Dans le premier cas, l’évolution classique du développeur suit un parcours relativement établi :
Dev junior → Dev senior → Lead dev
vient ensuite le choix :
C’est la voie royale dans la plus part des entreprises, elle permet derrière de continuer à monter en responsabilité, à manager de plus en plus en macro et à s’éloigner de la technique très vite.
L’inconvénient du management dépend essentiellement de l’appétit que chacun peut avoir pour les taches administrative… Les jeux politiques du management dans les grandes boites etc…
Les sujets abordés, la possibilité d’animer des formations, conférence etc… C’est comme pour les taches administrative, on aime ou on n’aime pas.
En France, malheureusement, c’est un peu une voie de garage. Il est très difficile pour un expert de basculer derrière sur des rôles à haute responsabilités, on à tendance à mieux rémunérer le management par rapport à l’expertise.
Dans ce genre de structure on rencontre deux types de hierarchie :
Du coups pour moi la question devient davantage : Pourquoi favorise-t-on le management au détriment de l’expertise ?
Je suis parfaitement d’accord avec tout ce qui a été dit. Notre société pousse malheureusement au management, si bien que certains dev juniors, fraichement sortis d’école, aspirent à devenir CP dès leur embauche, quelle connerie !
Personnellement je m’interroge souvent : j’aime le développement, j’ai ce côté technique, et je n’ai aucune envie de passer côté management qui, pour moi, consiste à passer ses journées sur du Excel, du Powerpoint et du mailing… Super la joie quoi.
Devenir expert technique finalement ce n’est pas mieux : on devrait se spécialiser dans une techno ? Bonjour l’ennui ! Si c’est pour finir comme des experts grands systèmes qu’on trouve actuellement, bof bof…
Non, ce qu’il faut c’est la reconnaissance d’un métier à part entière : développeur expérimenté ; payé à sa juste mesure.
Je serais assez d’accord avec les commentaires précédents, la non prise en compte de l’expertise dans l’évolution salariale, le risque d’enferment technologique en s’expertisant et la motivation de mettre en pratique les concepts reçus en formation.
J’ajouterais également l’envie d’avoir une maîtrise sur son travail. Il est rare que le simple développeur est réellement son mot à dire sur la stratégie à mettre en place sur un développement : le Go (ou non Go), le choix technologique, ou simplement le temps de réalisation accordé à un projet.
Après, une fois arrivé au poste de chef de projet, il est rapide de se rendre compte que l’essentiel des décisions se prennent encore un cran plus haut … et que l’envie est très forte de revenir à un poste d’expert plutôt que chef … . et donc de revenir à la technique et pas à la gestion de l’humain …
Une des raisons est que tous les développeurs ne sont pas des passionnés et prennent cette filière comme une autre. Ils cherchent donc la voie la plus simple pour sortir rapidement de la technique. Certains s’orientent sur des fonctions commerciales (commerce pure, avv, etc) et d’autres veulent vite arriver CP.
Maintenant, arriver directement à la case CP sans passer par un peu de technique, je ne sais pas si c’est très courant. Pour avoir vu quelques cas, il y a souvent un manque d’expérience sur la gestion de projet, la gestion du client et la gestion des équipes (techniquement et humainement).
Il y a encore un autre secteur qui n’est pas cité : les agences digitales ou studio.
J’ai connu le monde des SSII et je confirme tout ce que l’on a pu dire ici.
En revanche en agence, la culture est complètement différente.
Le chef de projet y est au plus bas de l’échelle. Il n’est chef de personne.
Les métiers de gestion ou commerciaux sont peu valorisés : stage, CDD renouvelé X fois etc.
Les métiers créatifs et maintenant techniques (développeurs, expert technique ou creative technologist) sont beaucoup mieux payés que leur équivalent hiérarchique dans la gestion de projet.
Mais, le freelance s’étend de plus en plus, ce qui n’est pas forcément une bonne chose …
Pour ma part (je suis chef de projet ) c’est pour avoir plus de poids dans les prises de décisions au niveau des projets, voire dans au niveau du développement de l’entreprise. C’est clair que ça éloigne de la technique, mais rien n’empêche un chef de projet passionné d’informatique (ce qui est mon cas) de travailler sur des projets personnels en dehors de ses heures de travail.
Il reste toujours une vieille idée que le développeur est plus ou moins la même chose que le code qu il crée … une séquence très logique mais sans créativité ni conscience globale du monde qui l entoure …
Le métier est souvent rémunérateur mais socialement deconsidéré. Le tableau n’est pas beaucoup plus rose dans certaines entreprises où le développeur est clairement dans la case des coûts, jamais dans celle des revenus … Le chef de projet, lui, fait partie du mgmt, il crée des synergies réduit les coûts simplifie les process …
À quand une prise de conscience des entreprises quant aux réelles capacités des développeurs ?
<troll> Parce qu’ils n’aiment pas leur technologie :)
J’approuve tout ce qui a etqit dit ici, et je pense que ceci prouve qu’il reste beaucoup de chemin en France pour atteindre l’agilité.
Afin de donner une perspective un peu différente voici comment nous travaillons dans ma société. ( Je dis basée à Londres pour une société d’origine de la Silicon Valley)
Chez nous il n’y a pas de chef de projet. Ceci n’est pas un métier.
A chaque début de projet, nous constituons une équipe avec des ingénieursb de différente discipline, un membre de l’équipe QA (Quality Assurance) et un membre de l’équipe produit (PM).
Toutes les décisions a propos du projet dont prise par l’équipe en interne. Un des ingénieur est désigné TL (Tech Lead), ce rôle est tournant. Le TL a pour responsabilité la qualité du code produit, la communication avec les autres équipes, garder le projet dans un champ (scope) raisonnable.
Le PM lui, se charge de s’assurer du résultat final un terme de bénéfice utilisateur, la cohérence du projet avec le reste du produit.
Dans les faits, la gestion de projet est un rôle partager par le Tech Lead et le Product Manager. Et ce rôle est tournant.
J’aime pas du tout ce mot de chef de projet, j’ai tendance à préférer, lorsque j’ai à assumer cette fonction, parler de facilitateur pour le projet. Idem en ce qui concerne le management, facilitateur pour l’équipe, conciliateur, …
Enfin, c’était mon ptit hors sujet du jour :)
Tout à fait, le terme chef semble mal approprié et plus vraiment en phase avec les pratiques actuelles. Le “chef” a envie d’être le chef, alors qu’il est plutôt le porte-parole ou l’interface entre l’équipe à laquelle il appartient et la hiérarchie. En ce sens, il devrait communiquer des informations dans un sens comme dans l’autre. Il ne devrait pas non plus imposer des décisions, même si elles viennent de plus haut, mais faciliter le dialogue.
Le problème, c’est que le “chef de projet” a quitté son poste de dev pour avoir plus de responsabilités et pouvoir prendre des décisions. Supprimer le rôle de chef de projet comme cela se fait dans beaucoup de projets agile semble compliqué : que fait-on de ces chefs de projet ?
Je travaille en mode agile sans chef de projet. Les décisions sont prises collectivement après discussions. Tous les avis sont étudiés afin d’éviter les frustrations engendrées par des décisions subies. Cela se passe très bien comme ça. Tous les membres de l’équipe se sentent utiles et n’ont donc pas besoin de changer de poste pour prendre des décisions.
Je crois qu’en utilisant d’autres modes de gouvernance, on peut se passer de chefs de projet, qui pour moi est une notion qui a commencé à cesser d’exister avec l’arrivée de l’agilité. Je serai curieux de voir quelqu’un ayant une pratique de la sociocratie, car beaucoup de sociétés très hiérarchisées n’osent pas franchir le cap
N’est-ce pas ce qu’on appelle en anglais “full-stack developer”?